FARMER Jeanne : Le ministère pastoral.
Approche systémique de la gestion de l’Eglise. Paris, Empreinte temps présent, 2006, 119 p., 15 €. Présenté par Evert VELDHUIZEN ;
C’est primordial pour un pasteur confronté à une crise de savoir se contrôler soi-même. Il doit rester calme - encore plus que quiconque d’autre ! Ainsi il pourra appliquer une méthode de gestion permettant à chaque parti de s’exprimer dans la transparence.
Avec les autres responsables, le pasteur est appelé à veiller sur la santé de l’Eglise. Mais sa manière de gérer des conflits peut être affectée par sa nature et le fonctionnement de sa famille d’origine. Son caractère a-t-il été influencé par une tendance laxiste qui fuit le trouble ? Il risque alors de laisser pourrir des conflits latents en supposant que les choses iront se résoudre d’elles-mêmes. Quand cela ne se produit pas, la crise peut prendre un tournant explosif et destructeur. Si, par contre, le pasteur a la tendance volontariste d’agir vigoureusement, il risque de provoquer de nouvelles tensions qui compliquent la situation.
L’ouvrage traite longuement le schéma des triangles relationnels. Il s’agit de l’implication d’une troisième personne dans la relation entre deux autres. La personne « triangulée » ne s’avère pas forcément comme la solution au conflit. Elle peut faire office de fusible, absorbant les tensions - sans pourtant réconcilier les antagonistes. Ou elle prend parti, ce qui ne résout pas non plus le problème. Les triangles fonctionnent comme récupérateurs de stress et d’amplificateurs de tensions. Chaque pasteur qui arrive dans un poste hérite ce genre de triangles. Ceux-ci régulèrent les relations entre les membres de la communauté. Il a donc tout intérêt de préserver sa neutralité par la transparence et l’impartialité fermement affichée. Confronté à des tensions, il fera un effort de détrianguler. C’est d’analyser les responsabilités de chacun et de proposer un projet ; afin de susciter une dynamique capable de fédérer et de recentrer les forces d’une manière constructive.
L’étude évoque également la question des anxiétés. Si l’anxiété est incontournable, elle peut être gérée à un certain degré. Il est important au départ de savoir se différencier soi-même. Le « je » affirmé permet d’identifier ses propres rapports aux autres. Connaître ses limites et se définir envers le système ; ce sont des attitudes qui aident à rester conscient des réalités, même dans des situations tendues. Ce genre de distinction de responsabilités aide le pasteur à fonctionner au mieux de ses capacités. S’il définit ses propres responsabilités et s’applique à les accomplir, sans se mêler de celles d’autrui, alors les autres ont tendance à faire de même, et l’ensemble fonctionne mieux.
Parmi les « astuces » jamais trop recommandés, il est souligné que le pasteur a tout intérêt à entretenir une communication permanente - particulièrement avec les autres responsables de l’Eglise. Il lui faut aussi avoir une « vision » clairement communiquée dans l’église locale. Il s’agit d’avoir un « projet » bien élaboré et adopté par l’ensemble. L’absence de projet risque de mettre la communauté en situation de flottement propice au nombrilisme et aux débordements de tensions. Un groupe qui sait où il va, va mieux. L’ouvrage est parsemé de conseils pratiques qui peuvent aider le pasteur confronté à des crises dans l’exercice de son ministère. Le bon sens y est tant présent que la méthode. Car en fin de compte, le pasteur est aussi humain que les autres !
L’approche systémique du ministère pastoral permet d’aborder d’une manière globale les tensions que rencontrent tous les pasteurs dans leur église locale, quelle qu’elle soit. L’intention du livre est de définir les responsabilités du pasteur, de focaliser sa mission et d’analyser le fonctionnement de la communauté qui influe sur son travail.
L’approche systémique distingue les responsabilités les uns des autres. Si le pasteur est responsable de ses propres actes, il ne l’est pas de ceux des autres. S’il est responsable de sa charge pastorale, il ne l’est pas de la réussite de l’Eglise. Il fonctionne dans un système dont il ne peut pas contrôler les structures et les dynamiques. Il arrive (trop souvent) que le pasteur surfonctionne – qu’il prend sur lui des responsabilités qui ne sont pas les siennes. Il risque de se surmener. Quand une crise éclate dans la communauté, il est alors trop impliqué. Stressé, il se montre incapable de réagir calmement.
Association des pasteurs de France