Chaque année, la Conférence Européenne d’Associations de Pasteurs (K.E.P.) publie un canevas pour les sermons du Dimanche de la Trinité. Diffusé par les Associations nationales et régionales de pasteurs, ce canevas permet de traiter le même texte d’une manière identique sur tout le Continent. Cette façon de vivre la dimension européenne « en chaire » est très appréciée par de nombreux collègues depuis plusieurs années. Cette année, nous avons l’honneur et le plaisir de bénéficier de la contribution du pasteur Jean-Arnold de CLERMONT.
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire… Quand viendra l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ».
Surprenant enseignement de Jésus à ses disciples, au sein des discours d’adieux réunis par l’évangéliste Jean ! Comment faut-il comprendre ce : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire » ? Y aura-t-il une nouvelle révélation ? La révélation se poursuivra-t-elle, comme certains l’ont compris, jusqu’à la mort du dernier des douze apôtres, groupe charnière entre le temps de la révélation et le temps de l’accomplissement ? Ou encore sera-t-elle dévoilée progressivement à travers la vie de l’Eglise ?
Tout cela doit être écarté, à la seule lecture du verset 15 où Jésus rappelle à ses disciples qu’il leur a fait connaître « tout ce que j’ai appris de mon Père ».
Mais de tout ce qui a été fait et dit durant le ministère terrestre du Christ, les disciples n’en auront la pleine compréhension qu’à travers le prisme de la passion et de la résurrection, et par l’action de l’Esprit qui leur révélera toute la vérité.
Vous entendez alors combien ces trois versets de l’évangile de Jean ont une place essentielle pour notre compréhension du rôle des apôtres, de la vie de l’Eglise et de notre témoignage aujourd’hui.
Si, en effet, la totalité du mystère du salut, la plénitude de l’amour de Dieu pour sa création nous sont offertes à travers la vie et les paroles du Fils de Dieu, c’est à lui seul qu’il nous faut sans cesse revenir ; c’est vers sa lumière qu’il nous faut nous tourner. Et pourtant bien d’autres vont nous proposer des solutions alternatives ; et d’abord chacun de nous qui se veut sage et intelligent, capable de conduire tout seul sa vie ; et à qui la société contemporaine ne cesse ne répéter que notre accomplissement est dans notre autonomie…Il nous faut, jour après jour, réapprendre que notre identité ne se réalise pleinement que dans la relation à celui qui nous dévoile le projet qu’il a pour chacun de nous ; notre pleine humanité est dans la relation à celui qui nous fait passer de la mort à la vie éternelle.
Tel est le premier rôle de l’Eglise que de nous permettre de recevoir la richesse de l’Evangile. N’est-elle pas celle qui sans cesse doit appeler l’Esprit de Dieu pour qu’il conduise les fidèles dans toute la vérité. Mais il ne suffit pas de l’invoquer ! L’Eglise, la communauté paroissiale et tout autant la communion ecclésiale, régionale, confessionnelle ou nationale, quelques formes qu’elle prenne, l’Eglise est la pédagogue par qui les fidèles sont mis au bénéfice de l’Esprit qui révèle la vérité. Elle leur apprend et réapprend à faire place et silence en eux pour que la Parole les emplisse et les nourrisse. Elle leur apprend qu’il n’est de Parole que partagée et offerte. Elle les exhorte sans jamais se lasser à vivre de cette Parole.
C’est précisément cette pédagogie de l’invocation de l’Esprit et du témoignage vécu que nous voulons mettre en œuvre alors que nous sommes en marche vers Sibiu :
Nous nous fondons sur une conviction fondamentale, que la lumière du Christ brille pour tous. Nous sommes au bénéfice de ce don du Père qui, dans sa grâce, n’a pas oublié sa création, mais s’est donné lui-même, est venu parmi nous, en son fils Jésus Christ, lumière qui brille dans l’obscurité de ce monde.
Nous nous savons engagés dans une œuvre commune : Recevoir de l’Esprit toute la vérité, la pleine révélation du Fils qui nous a arrachés aux griffes de la mort pour nous conduire vers la vie éternelle.
Nous découvrons ensemble notre mission commune : Témoigner de cette vérité dans les domaines où notre humanité cherche sa route (spiritualité, migrations, développement durable… cf. les foras de préparation de Sibiu) ; laisser œuvrer en nous l’Esprit qui nous conduit dans toute la vérité.
C’est pourquoi ensemble nous prions : « O Dieu enseigne moi tes chemins, conduis moi dans ta vérité. » Ps 25, 4-5.