Pour son 9ème Rassemblement - du 16 au 20 juin 2007 – la KEP (Conférence Européenne des Associations de Pasteurs) avait choisi de se réunir à Torre Pellice, dans les vallées vaudoises du Piémont. C’était la première fois que la Pastorale de la KEP se tenait en « terre latine ».
Nous étions 48 participants de 18 nationalités différentes. Et les sept latins que nous étions (4 Français, 2 Portugais, 1 Espagnol) ont certainement mis une note « dépaysante » dans une Assemblée au premier abord plus sérieux.
« Annoncer l’Evangile avec joie », tel était le thème de notre Pastorale. Thème traité avec brio par le professeur Ulrich LUZ, de Zurich, dont la conférence sur l’ecclésiologie de Matthieu nous a nourris spirituellement. Thème traité aussi dans les méditations et prières biquotidiennes
« Le ministère pastoral en situation majoritaire et en situation minoritaire », tel était le sous-titre de notre thème. Tel fut surtout notre vécu durant ces 5 jours. Ce vécu, ressenti différemment selon les sensibilités des uns et des autres, varie en fonction de plusieurs paramètres.
La langue, d’abord : l’allemand était incontestablement le véhicule majoritaire des échanges. D’une part, l’Europe du Nord fournit bien plus de pasteurs et autres responsables d’Eglises que l’Europe du Sud. D’autre part, en s’ouvrant à l’Est, l’Europe a fait se rencontrer de plus en plus de chrétiens parlant allemand. C’est dire la difficulté pour notre collègue espagnol qui ne parlait que l’espagnol et un peu de français ! Il avait pourtant des expériences passionnantes à nous faire partager, lui dont le ministère s’exerce sur un territoire grand comme la moitié de l’Espagne !
Le contact avec l’Eglise vaudoise : il fut excellent, grâce surtout à Claudio Pasquet, le pasteur du lieu, qui partagea avec nous tant de moments chaleureux. Mais il parlait très bien français et anglais ! Nos possibilités de parler italien devenaient quasi nulles ! Heureusement, grâce au culte dominical vécu avec la paroisse de Torre Pellice, nous avons pu chanter en italien et parler avec la population locale à la sortie…
Chanter en italien, en anglais, en allemand, en néerlandais, en français… Chanter ensemble ces psaumes et ces cantiques dont nous connaissons tous la mélodie, est toujours un moment fort. Personnellement, je l’ai toujours vécu ainsi dans mon ministère, que ce soit à Bruxelles ou en Allemagne à l’occasion de jumelages, ou encore dans les Rassemblements œcuméniques européens ou mondiaux. Il existe une communion dans le chant qui nous donne peut-être un avant-goût du Royaume !
L’histoire de l’Eglise vaudoise, racontée, déchiffrée au musée ou découverte sur le terrain en crapahutant un peu dans les vallées avoisinantes, a rafraîchi nos connaissances livresques sur le sujet et nous a, entre autres, appris à nous Français que nous ne possédons pas le monopole des persécutions religieuses…
Alors… Eglises majoritaires pour les collègues nés en pays protestants, Eglises minoritaires pour nous qui vivons dans des pays dont les autorités font encore l’amalgame entre chrétiens et catholiques romains, Eglise minoritaires pour ceux qui vivent dans des pays à forte majorité orthodoxe…, nous, les représentants de toutes ces diversités, avions beaucoup à partager, à découvrir les uns des autres. Sans compter la prise de conscience de l’importance de notre mission dans une Europe dont la moitié est athée, nous rappellent nos collègues roumains, et sans compter que la plupart des « baptisés » (quelle que soit leur Eglise) se comportent de nos jours comme des athées…